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22.3.2024

Pierre-Jean Hervé (Thewa® Professional) : “Le meilleur moyen d’économiser l’eau et l’énergie est d’avoir un utilisateur informé”

Traditionnellement peu friand de la robinetterie de douche encastrée, le marché français semble enfin adopter cette solution particulièrement appréciée par nos voisins allemand et italien. Après avoir œuvré à la démocratisation du prix et à la sécurisation et facilitation d’installation de ces produits résolument design, Pierre-Jean Hervé, acteur de ce segment, assure que leur futur réside dans le développement de solutions confortables et économiques. En parallèle, le directeur du développement robinetterie sanitaire des marques Thewa® Professional et Alpi (Thermador®) mise sur l’information du particulier pour favoriser une utilisation économe de l’eau.

Contenu rédigé en partenariat avec Thewa® Professional

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Concept Bain : Après un démarrage timide, la robinetterie de douche encastrée semble s’ancrer sereinement en France. Quelle est la prochaine étape de son développement ?

Pierre-Jean Hervé : Jusqu’à maintenant, le moteur du développement de la robinetterie de douche encastrée a été le design ; l’accent était mis sur l’écoulement confortable de l’eau, notamment en température. Désormais, il s’agit aussi de la voir couler le plus économiquement possible. Les notions d’économie d’eau et d’énergie se traduisent ainsi par le paramétrage de la température de l’eau - grâce à la démocratisation des mitigeurs thermostatiques qui permettent un ajustement au degré près - et de son débit. À l’avenir, la question du débit et de la température seront probablement corrélées à l’utilisateur, et un compteur affichera le litrage consommé lors de la douche, ainsi que la température ou le temps d’écoulement… en instantané, en moyenne…

CB : Cela ne pourrait se faire au détriment du confort de l’utilisateur…

PJH : Les dimensions actuelles de la douche à l’italienne, en moyenne de 150 x 150 cm, et de la pomme de douche, dont le diamètre standard est passé de 200 à 300… voire 400 mm pour couvrir une plus grande surface du corps, mettent en lumière l’esthétisque et le confort plutôt que l’économie d’eau : il est difficile de “se contenter” d’une petite douche de deux minutes avec ces ensembles et dans ces conditions. Il s’agit donc aujourd’hui de trouver le bon arbitrage entre utilité, confort et économie.

CB : Quelle est donc la piste à privilégier pour trouver cet équilibre entre utilité, confort et économie ?  

PJH : L’information en temps réel est un point clé car elle touche à l’utilisateur, qui représente la composante première de la consommation d’eau et d’énergie : il est celui qui détermine la température et le débit de l’eau, ou encore sa durée d’écoulement, puisqu’il est celui qui prend la douche. Les produits ont beau être préréglés en usine, être maintenant bridés parfois à 8L/min (un mitigeur de lavabo présentait auparavant un débit de 12L/min, NDLR) et présenter un bouton de franchissement à 38°C pour la sécurité mais aussi pour abaisser les seuils de consommation, le meilleur moyen d’économiser l’eau et l’énergie est de faire en sorte que l’utilisateur soit bien informé. Il faut donc lui fournir des données précises, de sorte à ce qu’il adapte son usage en fonction des normes ou de ses envies.
L’instauration de réglages “répressifs” pourraient aussi être envisagée, tels que la coupure automatique de l’eau ou la baisse automatique de la température de l’eau d’un degré chaque minute après une durée d’utilisation déterminée, mais le recours à l’information pour accompagner l’utilisateur à faire des choix raisonnés paraît beaucoup plus judicieux, pouvant même aller (pour certains) jusqu’au ludique.

CB : Outre l’utilisation, la conception et la production de solutions encastrées doit également prendre en compte les enjeux du développement durable. Comment cela se matérialise-t-il chez Thewa® Professional ?

PJH : La réduction de la consommation d’eau et d’énergie de nos produits s’inscrit dans une démarche plus globale de réduction de leur empreinte environnementale. Sur la base des FDES (fiches de déclaration environnementale et sanitaire, NDLR), qui établissent l’impact environnemental direct et indirect d’un produit tout au long de son existence, nous travaillons aussi à réduire leur bilan carbone. Ainsi, depuis trois ou quatre ans, nous améliorons nos emballages produits Thewa® Professional. Certes, ils n’ont pas vocation à être conservés dans la salle de bains de l’utilisateur, mais ils sont une composante à part entière du produit dont la durée de vie est extrêmement courte. Nous avons donc opté pour du carton recyclé FSC et de l’encre végétale, l’abandon du plastique et du polystyrène à l’intérieur de nos emballages, et la diminution de la fourniture de notices techniques papier pour les passer sur le net.
Du côté des produits, nous réfléchissons à privilégier des matériaux dont le bilan carbone est plus intéressant. Alors que le laiton est actuellement le standard en matière de robinetterie sanitaire, nous travaillons au développement de produits en inox, qui est notamment reconditionnable et réutilisable à l’infini. Nous nous renseignons également sur l’application d’autres revêtements, comme l’époxy ou le PVD qui sont plus propres que le chrome ; voire leur non-utilisation puisque l’inox brut, sans revêtement donc, est devenu plus tendance qu’un laiton brut,qui aura tendance à se ternir avec le temps.

CB : Ces démarches s’insèrent-elles une stratégie RSE plus globale, à l’échelle de Thermador® ?

PJH : Thermador® est un partenaire de fabricants et donc un commanditaire ou un donneur d’ordre sur un certain nombre de points pour le marché français. Étant donné que nous sommes certifiés EcoVadis Platinum (la société figure donc parmi les 1 % des entreprises les plus performantes en matière de développement durable évaluées par EcoVadis au cours des 12 derniers mois, NDLR), nous portons évidemment une attention particulière au choix de nos fournisseurs, soit en faisant progresser les actuels, soit en sélectionnant les prochains. D’autre part, nous privilégions de plus en plus des transporteurs dont la flotte logistique est significativement composée de véhicules électriques. Cela ne veut pas dire que nos produits sont obligatoirement transportés par des véhicules électriques, mais ça signifie que le fournisseur porte une attention particulière aux enjeux de la mobilité décarbonée. Incidemment, nous poussons nos partenaires à monter en régime à l’instar d’Alpi (dont Thermador® en est le distributeur exclusif en France, NDLR) qui nous suit désormais dans notre démarche des emballages.

CB : Comment communiquez-vous autour de ces initiatives environnementales ?

PJH : Le détail des démarches RSE entreprises, en lien avec les emballages de nos produits, doit être communiqué à notre client grossiste, l’installateur et enfin son client. Nous devrions, par exemple, glisser une mention sur l’emballage qui notifie notamment que sur ce produit nous avons recours à du carton certifié FSC, l’utilisation d’une encre végétale, l’emploi de tissu recyclé parfois, etc. C’est une communication qui s’adresse plutôt à l’installateur qu’au particulier, puisque ce dernier n’entre que rarement en possession du produit emballé : bien que nous souhaitions avoir un contact direct avec l’utilisateur final, en tant que prescripteur, nous conservons la segmentation actuelle en continuant à nous appuyer sur les grossistes professionnels pour vendre nos produits.

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