Tristan Rodriguez, directeur commercial et marketing du groupe Kramer, et Manuel Rodriguez, PDG du groupe
Tristan Rodriguez : “D’ici la fin du mois de janvier, nous nous positionnerons plus clairement dans le dossier Jacob Delafon Damparis”
S’il a officiellement manifesté, dans les colonnes du Progrès le vendredi 18 décembre dernier, son intérêt pour la reprise du site Jacob Delafon de Damparis, le groupe Kramer entend dissiper tout malentendu : ce dossier, pour l’heure, demeure au stade de pré-étude. Directeur commercial et marketing du groupe, Tristan Rodriguez, fils du PDG Manuel Rodriguez, s’est confié à Concept Bain sur le sujet.
Concept Bain : Pourquoi Manuel Rodriguez a-t-il décidé de manifester publiquement dans la presse son intérêt pour le site Jacob Delafon de Damparis, alors que, dans le même temps, le groupe ne se positionne pas encore comme repreneur éventuel ?
Tristan Rodriguez : Nous ne souhaitons pas que d’éventuels quiproquos viennent brouiller l’intérêt non dissimulé que nous portons au site, ou que de fausses informations circulent et puissent donner naissance à un espoir erroné chez les salariés de l’usine de Belvoye Damparis ; nous ne souhaitons pas jouer avec la vie des employés, dont beaucoup sont issues de générations entières qui ont travaillé sur ce site. De plus, nous avons pour habitude de maitriser notre communication et d’aborder nos projets avec beaucoup d’humilité, mais aussi avec beaucoup de détermination.
CB : Si le groupe ne candidate pas encore officiellement à la reprise du site, comment se positionne-t-il ?
TR : Nous ne faisons aucune promesse pour le moment, mais nous menons une pré-étude très sérieuse basée sur un business plan cohérent qui, selon nous, constituerait l’une des rares solutions pour sauver le site.
Ce business plan, quel est-il ? La robinetterie sanitaire que fabrique le groupe se vend sous marques de distributeurs (un marché sur lequel nous sommes leaders en France) à hauteur de 60 % du chiffre d’affaires, et sous ses propres marques, Kramer et Horus, à hauteur de 40 %. Or, si nous venions à acquérir cette usine, nous appliquerions ce même business model à la production de céramique ; le site produirait également pour Horus, qui source actuellement sa céramique en Angleterre… Or cette stratégie offre à Kohler la garantie qu’il n’y aurait pas de concurrence directe de notre part.
CB : Quand envisagez-vous de prendre position officiellement, ou non, dans ce dossier ?
TR : D’ici la fin du mois de janvier 2021, nous saurons dire avec exactitude si nous abandonnons le projet ou si, au contraire, nous nous positionnons comme repreneur potentiel.
CB : Avec, à la clef, un accompagnement de Kohler pour la période de transition ?
TR : Il faut bien comprendre que nous prendrions le contrôle d’un site de production qui deviendrait orphelin de sa marque (Jacob Delafon, qui appartient au groupe Kohler) ; or le processus de création de nouveaux produits exige à la fois du temps et un maintien du processus de fabrication. Une reprise serait donc tout simplement impossible sans l’accompagnement de Kohler.
Naturellement, les salariés de l’usine fondent de gros espoirs sur cet accompagnement. Mais cette affaire prend également une toute autre dimension, d’envergure nationale : je songe entre autres à la notion de “made in France”, plus que jamais d’actualité, mais aussi aux circuits courts et à leur incidence écologique. Et n’oublions pas, non plus, la réindustrialisation du pays, souhaitée par beaucoup !
CB : un mot, enfin, à-propos de l’usine de Damparis…
TR : La visite de ce site historique a créé chez nous une véritable émotion. Aussi ferons-nous tout ce qui est en notre pouvoir pour le sauver.
Nous avons pu constater que malgré une vétusté apparente (les bâtiments sont plus que centenaires), le site est très bien maintenu et bénéficie d’un savoir-faire humain et technique impressionnant, parfaitement compatible avec notre savoir-faire, mais aussi avec nos valeurs d’entreprise qui valorisent et placent l’humain au coeur du système.